Cette semaine pendant que je regardais la jolie lune et m’extasiais sur les légumes qui poussent dans mon potager en ce mois d’octobre et autres petites choses futiles autour de moi, un automobiliste en a poignardé un autre qui l’avait doublé à la station service, d’autres se font gifler pour quelques gouttes, insulter ou cracher à la figure. On a même vu certains bons citoyens, à court de bidon, remplir des sacs poubelle de carburant… Malgré les injonctions à la solidarité et les belles initiatives collectives qui fleurissent; «Ma gueule avant la tienne» a encore de beaux jours.
Le WE dernier, un chasseur à blessé une randonneuse et sa fille, un ramasseur de champignon a pris des plombs dans le bide, des promeneurs se sont fait mordre par un chien « gentil » en divagation. Un week end ordinaire ou la campagne est un espace social qui se partage désormais à nos risques et périls. C’est risible de réaliser que les plus grands dangers de notre nature proviennent désormais non pas d’elle même mais des activités humaines et de notre faune domestique. C’est risible à une époque ou pour nous réconcilier avec la nature, il faut l’aimer et donc la rencontrer plutôt que de la mettre en vitrine, en restreindre l’accès ou y mettre des barbelés.
Les services secrets allemands accusent les russes d’un sabotage de leur voie ferrée, les russes accusent les ukrainiens d’avoir saboté le pont de Crimée, la Bielorussie mobilise son armée aux côté de celle des russes qui bombarde par dizaine de missile des cibles civiles ukrainiennes, la France renforce ses troupes sur le front ouest en Roumanie par prévention.
Il y a quelques jours, 2 gazoducs étaient sabotés en mer du Nord, et on apprend à l’instant qu’un Oleoduc reliant la Russie et l’Allemagne via la Pologne a des fuites. Cette guerre qui fait rage aux porte de l’Europe fait tourner maboul, les américains qui parlent d’apocalypse à venir: il faut dire qu’avec le moustique coréen qui ne cesse de faire « BzZzZzZ » à leurs oreilles depuis des semaines.. y’a de quoi être agacé .. d’autant que la péninsule asiatique est aussi en surchauffe avec un conflit territorial prétexte à deux conceptions du monde.
Au moyen orient, c’est le sang de jeunes femmes qui coule au nom d’une révolution émancipatrice sous le regard « soutenant » mais impuissant de l’occident engoncé dans les paradoxes et les contradictions de ses radicalités. Il faut dire qu’un climat mysandre inconfortable apporte beaucoup de confusion dans un débat de société pourtant indispensable sous toutes ses facettes.
Et puis le climat, la sècheresse, les inondations, la pandémie …
Après des années d’illusion d’une abondance généralisée voici venu l’ère de l’abondance des pénuries, l’abondance des conflits, l’abondance des pandémies, des désordres sociaux, climatiques et économique…
Le carburant devient soit très cher, soit très rare… Dans notre monde hors sol des ouvriers qui gagnent minimum 2 500€ brut par mois à l’embauche (avec prime et sans les interessements) se considèrent légitimes à prendre en otage des professions précaires qui sauvent des gens, en les précarisant un peu plus, eux et les publics qui dépendent d’eux.
Suis je le seul, sans préjuger de la pertinence des revendications, à me dire que ce serait moins indécent dans le contexte actuel s’ils faisaient grève pour que les compagnies pétrolières partagent leur magot avec les plus fragiles qui ne peuvent même plus manger ou avoir chaud chez eux?
Bon, en même temps, dans l’esprit, ils ne sont pas très différents de ceux qui remplissent des poubelles de carburant, pour faire des stocks… donc c’est pas très surprenant du genre humain.
Et s’il n’y avait que le carburant : le pellet, le gaz, le pétrole, l’électricité, l’eau potable tout ce qui fait le confort de nos sociétés modernes suit la même direction; de la rareté à la cherté et à la course au stock, qui alimente la boucle dans un environnement déjà bien anxyogène. Les chacals, les hyènes, les charognards et les requins ( pardon pour la faune) ne se cachent plus et en profitent sans vergogne et s’enrichissent sur le dos des naïfs que nous sommes. La promesse annoncée de pénurie d’électricité cet hiver pulvérise déjà les budgets des collectivités, des entreprises et des privés… quand d’autres ont tout simplement renoués avec le chandail à grosse maille.
Plusieurs département français redoutent le scénario noir du robinet qui ne coulera plus d’ici quelques semaines, par manque d’eau potable: il va falloir choisir que mettre dans les jerricans et les poubelles.
Ah!! on me souffle à l’instant que les agents des centrales nucléaires rejoignent la grève pour une augmentation de salaire.. ça va pas arranger la production d’énergie necessaire pour cet hiver, ni les prix. Il va falloir investir dans un deuxième chandail, ou apprendre à les confectionner soi même, pour se prémunir de toutes spéculations.
Heureusement bientôt s’ouvre la parenthèse enchantée du pain et des jeux avec la coupe du monde de football: chance ! C’est la première fois qu’elle aura lieu l’hiver!! une petite pause dans ce marasme, qui a défaut de chauffer les chaumières, réchauffera l’âme des passionnés. Soulignons la grande Co-Errance partagée des instances sportives internationales qui transforment ces dernières années la terre entière en un terrain de jeu asservi à l’argent qui rend tout possible au mépris du bon sens.
Bah… en fait, je ne sais plus bien ce qui est juste, ce qui l’est moins, ce qui est pertinent ou illégitime… je crois que si la conjoncture le permet, je vais continuer à passer le temps gentiment en regardant la lune, mon jardin et d’autres choses futiles tout en préparant mon chandail.