A PROPOS

Auteur-Réalisateur & Doctorant en géographie

Portrait

Je suis réalisateur de film depuis plus de trente ans, commissaire d’exposition occasionnel ces 8 dernières années et doctorant en géographie depuis 2025. Mon travail s’articule autour d’une question centrale : De quelle manière habiter la Terre ?

Cette question traverse mes films, mon engagement local, ma manière de vivre, mes loisirs et ma recherche académique . Elle m’a conduit à passer des années auprès de peuples autochtones (Samis, Tikopiens), à documenter leurs relations au territoire, et aujourd’hui à analyser à travers les relations à leur milieu de vie des population rurales de Bretagne et du plateau des millevaches comment réapprendre à habiter son milieu.

Ce qui m’anime : l’immersion longue durée, la rencontre avec l’altérité, la découverte de cosmovisions qui remettent en question nos évidences occidentales. Et, surtout, la conviction que ces « ailleurs » peuvent nous aider à repenser notre propre relation au monde.

DU CINÉMA À LA RECHERCHE

Les débuts : animation et direction événementielle (1986-1999)

Avant le cinéma, j’ai exercé plusieurs métiers liés à l’animation et à la culture :

  • Animateur et encadrant de séjours pour enfants et adultes
  • Directeur de Maison de Quartier (après l’obtention d’un DEFA)
  • Directeur événementiel et producteur sur de grands festivals d’été : Foix, Bayonne, Carcassonne, Hennebont (1994-1999)

Ces expériences m’ont forgé une sensibilité au collectif, à l’organisation de projets partagés, et au rôle de la culture comme vecteur de lien social – des thématiques qui continuent d’irriguer mon travail aujourd’hui.

Premiers pas dans le cinéma (1990-2000)

En parallèle de ces activités, je me forme au cinéma en travaillant comme assistant réalisateur sur une quinzaine de films pour le cinéma, la télévision et la publicité.

1992 : Premier film
Je réalise mon premier film : El Orgullo del Gitano , un court métrage en langue caló (langue des gitans catalans). Le film est sélectionné dans une vingtaine de festivals nationaux et internationaux. C’est le début d’une aventure de trente ans et de la réalisation d’une petite trentaine de films ( courts métrages, documentaires et longs métrages documentaires)

Co-fondation d’Arwestud Films (1999)

En 1999, je participe à la création d’Arwestud Films, société de production, de location de matériel et de prost-production basée en Bretagne. Arwestud accompagne mes projets en coproduction et me permet d’acquérir une certaine autonomie dans mes choix et mes rythmes de réalisation( immersion longue)

LES GRANDES IMMERSIONS DOCUMENTAIRES (2005-2019)

Jon, face aux vents – Six années avec les Samis (2005-2011)

2005 : Je rencontre Jon, éleveur de rennes samis, au-dessus du cercle polaire en Suède (région du Sarek). Je décide de documenter son quotidien : transhumances, campements, relation aux rennes et aux montagnes.

Ce qui était prévu à l’origine comme un tournage de quelques mois devient une immersion de six ans. Je reviens chaque année, je partage la vie de Jon, je filme les saisons, les tempêtes, les naissances de rennes, les moments de doute. Je découvre une cosmovision où l’humain n’est qu’un élément parmi d’autres dans un monde animé.

2011 : Sortie du film Jon, face aux vents (77 minutes, coproduction franco-suédoise avec la SVT).

Réception :

  • 40 000 spectateurs en salles en France
  • Plus de 40 sélections en festivals
  • 350 projections-débats
  • 40 achats TV internationaux (dont Arte)
  • 8 prix et distinctions

Ce film marque un tournant : il me révèle l’importance du temps long, de l’immersion totale, et de la relation comme condition de la connaissance.

Nous, Tikopia – Trois expéditions dans le Pacifique (2013-2018)

2011 : Je découvre l’existence de Tikopia, une minuscule île volcanique de 5 km² aux îles Salomon, où vivent 2000 personnes en quasi-autarcie. Pas d’électricité, pas d’eau courante, une économie circulaire basée sur le don et le contre-don. Et surtout : une cosmovision dans laquelle l’île est considérée comme un être vivant avec lequel les Tikopiens entretiennent une relation de réciprocité depuis 3000 ans.

Je décide d’y aller.

2012-2018 : Trois expéditions de plusieurs mois. Chaque voyage dure entre 3 et 6 mois. Je me familiarise à la vie tikopienne, aux coutumes, à la langue, je partage les repas, les cérémonies, les travaux agricoles. Lorsque les Tikopiens prennent une décision importante, ils demandent l’avis de l’île – Cette écoute passe par des signes concrets (direction du vent, comportement des oiseaux, rêves, sensations).

2018 : Sortie du film Nous, Tikopia (100 minutes, coproduction Arwestud films / Les Films de l’Heure Bleue / Sami Kompania).

Particularité du film : Le film est raconté du point de vue de l’île, qui s’exprime à la première personne. L’île est le personnage central. Cette narration inhabituelle cherche à restituer la cosmovision tikopienne dans laquelle l’île n’est pas un décor, mais un acteur à part entière.

Réception :

  • Festivals internationaux (FIFO Polynésie, Festival des droits de l’homme en Bolivie…)
  • Mention spéciale du jury (Festival du film international sur les droits de l’homme, Bolivie)
  • plus de 200 projections-débats en France
  • Discussions avec chercheurs en anthropologie et écologie
  • une dizaine d’achats télé nationales et internationales

COMMISSARIAT D’EXPOSITION

Ces expériences longues ou je fréquente et pratique la dimension et relation sensible au monde, me donne des opportunités de collaborations et d’interventions diverses.

Expositions

« Nature en droit, Nature en soi » (co-commissariat avec Valérie Cabanes)

Exposition au Musée de l’Homme (Paris) interrogeant le concept de « droits de la nature » et notre relation au vivant, en croisant anthropologie, droit, et philosophie environnementale.

« L’eau dans tous ses états » ( commissaire d’exposition)

Exposition sur 1500m2 a la foire du Valais en Suisse autour des enjeux de l’eau sur la région en croisant dimension sensible, scientifique, économique et enjeux institutionnelles et d’usage ( 30 00 visiteurs sur 10 jours)

Conférence TEDx

« Sociétés traditionnelles : une inspiration pour les sociétés modernes »

Dans cette conférence TEDx, je partage les enseignements de mes immersions auprès des Samis et des Tikopiens, et j’interroge ce que ces cosmovisions peuvent nous apprendre sur nos propres manières d’habiter la Terre.

👉 Voir la conférence TEDx

Projections-débats-conférences

Depuis la sortie de mes films, j’ai animé plus de 400 projections-débats en France et à l’étranger, dans des cinémas, des universités, des écoles, des festivals, des tiers-lieux.

Publics : Grand public, scolaires, chercheurs, praticiens de l’agroécologie, militants écologistes.

Intervenant parcours universitaires et autres écoles

Mon parcours empirique et interdisciplinaire me fait intervenir auprès d’étudiants en licence ou en master autour des nouvelles formes de récit, les humanités environnementales, les déplacements de points de vue anthropocentré vers l’écocentrisme .. ( St Malo, Rennes)

ENGAGEMENT LOCAL : ANCRAGE TERRITORIAL EN BRETAGNE

Au-delà du cinéma et de la recherche, je suis engagé dans des initiatives locales en Bretagne, autour de la transition écologique et de la réinvention des liens au territoire.

Co-fondateur de l’association Bien Vivre en Bretagne Romantique et du tiers-lieu « Les Serres »

Je participe à la création et à l’animation d’un tiers-lieu citoyen en Bretagne, qui expérimente de nouvelles formes de vie collective, d’entraide, et de relation au territoire et pour lequel je rédige régulièrement des éditos pour la gazette mensuelle.

Thématiques : Buen vivir, temps choisis vs temps contraints, engagement citoyen, projets alimentaires territoriaux, alternatives locales.

Projets alimentaires territoriaux

Je contribue à des réflexions et des actions autour de la souveraineté alimentaire locale, de l’agroécologie, et de la reconnexion entre producteurs et habitants.

Conviction : Les « grands sujets » (crises écologiques, effondrements, inégalités) se jouent aussi à l’échelle locale, dans nos manières concrètes d’habiter, de produire, de se nourrir.

TOURNANT VERS LA RECHERCHE ACADÉMIQUE (2020-2024)

Le déclic : de l’expérience à la conceptualisation

Après quinze années d’immersions, je ressens le besoin de passer de l’expérience à la conceptualisation.

Questions qui me hantent :

  • Qu’ai-je vraiment compris de ces cosmovisions autochtones ?
  • Comment nommer, analyser, théoriser ces relations au territoire ?
  • Peut-on « redevenir autochtone » en Occident ? Qu’est-ce que cela signifierait ?
  • Comment étudier scientifiquement les dimensions sensibles, affectives, spirituelles des relations au territoire ?

Le cinéma m’a permis de vivre et de documenter ces expériences. Mais il me manque un cadre théorique pour les penser. C’est ce qui me pousse vers la recherche académique.

Formation et inscription en doctorat (2023-2024)

2023 : J’ai déjà un bagage bibliographique anthropologique et philosophique ( P.Descola, R.First, B.Malinowski, B.Latour, M.Shalins, D.Abram, V.Plumwood, V.Despret, I.Stenghers, B.Collignon). Je commence à lire intensément (géographie, anthropologie, philosophie de l’environnement, philosophie quantique) d’autres auteurs. Je découvre les travaux d’ Augustin Berque, Tim Ingold, Jeanne Favret-Saada, Harmut Rosa, Arturo Escobar, Glenn Albrecht, Michel Bitbol notamment

2024 : Je m’inscris en doctorat de géographie à Rennes, au sein du laboratoire ESO ( Espace et Sociétés).

Financement : Contrat CIFRE avec Arwetsud films, ce qui me permet de mener une recherche ancrée dans les enjeux socio-écologiques contemporains.

MA RECHERCHE DOCTORALE (2025-2028)

La question de recherche d’origine, appelée à évoluer dans les mois à venir.

Vers une relation partenariale à la nature : une lecture par l’expérience de peuples autochtones du lien qu’entretiennent les mondes agricoles et les mouvements alternatifs avec leur milieu
études de terrains en Bretagne
.

Question centrale

Comment les acteurs des milieux ruraux en Bretagne sur le plateau des Millevaches « réapprennent-ils » à habiter leurs territoires ? Quelles continuités, quelles ruptures avec les cosmovisions autochtones que j’ai documentées pendant quinze ans ?

Enjeu méthodologique et épistémologique

Au-delà de l’enquête empirique, ma thèse porte un enjeu méthodologique : comment étudier scientifiquement les dimensions sensibles de la relation au territoire ?

A ce stade, la direction que prend mon projet envisage de comparer deux protocoles de restitution scientifique sur le même terrain immersif :

  • Protocole A : Restitution académique classique (objectivation, distance)
  • Protocole B : Restitution phénoménologique (immersion, écriture incarnée, légitimation du sensible)

Hypothèse : Le choix méthodologique configure ce qui devient visible ou invisible dans la recherche géographique.

👉 En savoir plus sur ma recherche

FILMOGRAPHIE COMPLÈTE

Longs métrages documentaires

Nous, Tikopia (2018, 100 min)
Coproduction : Arwestud Films, Les Films de l’Heure Bleue, Sami Kompania
Festivals, prix et distinctions

Jon, face aux vents (2011, 77 min)
Coproduction franco-suédoise : Arwestud Films, SVT (Suède)
40 000 spectateurs, 8 prix

Courts métrages et séries documentaires

Chute (2008, 15 min)
Production : Arwestud Films / France 3
2e prix au Festival européen des télévisions régionales

La vie sexuelle de Peter Pan (2007, 52 min)
Production : TVR
Sélection officielle FIPA 2008

Tribe trip (série documentaire, 2005-2008)
Diffusion en festivals et à la télévision d’expéditions sportives autour du monde

Nue comme un verre (2003, 20 min)
Sélection dans une dizaine de festivals

El Orgullo del Gitano (1992, court métrage en langue caló)
Sélection dans une vingtaine de festivals nationaux et internationaux

Films de commande

Écologie et mode de vie (série de 5 films pour le Muséum d’Histoires Naturelles)
Films sur l’empreinte écologique à travers le monde : Pygmées du Gabon, Paris, Samis de Suède, Oasis de Siwa (Égypte), Tashkent (Ouzbékistan)

PHILOSOPHIE DE TRAVAIL

L’immersion comme méthode

Conviction profonde : on ne comprend un lieu, un peuple, une relation au territoire qu’en y passant du temps. En partageant le quotidien, les gestes, les silences, les doutes, bref en vivant avec.

Mes films ne sont pas des « reportages » : ce sont des expériences de terrain longues durées qui se donnent le temps de la rencontre, de l’apprentissage, de la transformation mutuelle.

Le cinéma comme porte d’entrée vers l’altérité

Faire des films n’est qu’un prétexte pour vivre des expériences singulières et découvrir d’autres manières d’être au monde.

Le cinéma m’a permis d’accéder à des lieux, des peuples, des situations que je n’aurais jamais connus autrement. Mais l’essentiel n’est pas le film final : c’est l’expérience vécue, la relation tissée, la transformation intérieure.

La géographie sensible comme prolongement

Aujourd’hui, ma recherche en géographie prolonge cette démarche : elle cherche à conceptualiser et légitimer scientifiquement ce que le cinéma m’a permis de vivre de manière empirique et intuitive.

Comment nommer, analyser, théoriser ces relations sensibles au territoire ? C’est l’enjeu de ma thèse.

VALEURS & ENGAGEMENTS

  • Temps long : Contre l’accélération permanente, privilégier la lenteur, l’immersion, la maturation
  • Rencontre : Chercher l’altérité, se laisser transformer par elle
  • Ancrage local : Habiter un lieu, y créer du lien, y œuvrer collectivement
  • Sobriété : Questionner nos modes de vie et expérimenter des alternatives
  • Réciprocité : Donner autant qu’on reçoit (dans les relations humaines comme avec les territoires)