série « la vie sauvage commence dans mon jardin »
L’écureuil mène une existence de funambule perpétuel, suspendu entre deux mondes temporels aux logiques opposées. Créature diurne par excellence, il consacre ses journées à une quête incessante – noisettes, glands, bourgeons – qu’il amasse avec une énergie frénétique. Mais quand vient le crépuscule et qu’il doit regagner son nid douillet tissé de mousse et de brindilles, l’arbre protecteur se transforme en terrain de chasse.
C’est précisément dans ces heures nocturnes, lorsque l’écureuil dort recroquevillé dans son houppier, que la martre entame sa ronde silencieuse. Cette chasseuse aux griffes acérées glisse entre les ramures comme une ombre liquide, transformant l’architecture arboricole en labyrinthe mortel.
Cette asymétrie temporelle condamne l’écureuil à une vigilance sans repos. Choisir l’emplacement du nid devient un calcul vital – trop exposé et il sera repéré, trop accessible et la martre n’aura qu’à tendre la patte. L’écureuil doit donc dormir d’un sommeil semi-conscient, prêt à bondir au moindre craquement suspect, perpétuellement tiraillé entre le besoin de repos et l’instinct de survie.







